Poèmes pour voir

IMG_1963Voici quelques uns des poèmes que j’adresse quotidiennement, depuis le 1er février 2016, aux abonnés du téléphone du département de la Lozère, dans la commune d’Albaret-Sainte-Marie par exemple :

 

Bourges, le 11 avril 2016. Poème adressé à Alain Albert

Je reçois un courriel bizarre

il est dans les indésirables

(et je comprends très bien pourquoi)

car il me reproche, Busuu,

de ne pas me montrer constante

(assez) dans mon apprentissage

du japonais. Il énumère

les mauvaises raisons : le temps

qui manque, la motivation

qui fait défaut, et me hérisse

avec son argument massue :

les bilingues seraient payés

jusqu’à vingt-cinq fois plus que les

mono. J’en perdrais mon français.

 

*

Monton, le 15 avril 2016. Poème adressé à Robert Amarger

Busuu, je ne t’en veux pas trop

ce serait idiot parce que

ta lettre, – ne le prends pas mal–

n’a rien de personnel, est creuse,

ne m’apprend rien, elle me blesse

quand elle devrait m’affermir.

Busuu, je te demande, là,

de me désabonner de ton

site commercial, je refuse

« d’étudier intelligemment,

non intensément ». Je refuse !

*

Bourges, le 19 avril 2016. Poème adressé à Sophie Biscarat

Dans mon macintosch il y a un bruit

qui n’a rien d’écossais, un chat qui ronfle

et pas le plus petit voyant qui luit

pour m’indiquer qu’une porte dégonfle

tous les matins le mackintosch se plaint

me donne des signes de cacochyme

sous sa plainte je l’entends qui geint

pourtant, tout blanc, il n’a rien d’un sublime

mon macintosch est gondolé dessous

son ventre en plastique est lisse, gris, doux.

*

Bourges-Paris, le 18 mai 2016. Poème adressé à Patricia Dalle

Les produits inutiles. 1. Le lave vaisselle, 1.

plus laid qu’un objet c’est un cube blanc

un produit inutile, un besoin fabriqué

 

en usine, parfois il est laqué

de peinture gris chrome, dit élégant

 

quoi d’élégant dans cette conserve sans

grâce, qui stocke la vaisselle sale, met

 

à mal le dos de l’ouvrier remplisseur et

ne laisse aucune place aux gamelles, aux grands

 

récipients de cuisine généreuse

aux saladiers, aux cruches bienheureuses

 

qui seront lavées par des humaines mains

dans un évier de pierre, ou d’inox, mais humain

 

qui ne passera pas des heures empuanti

dans l’ombre infecte offerte aux miasmes de Darty

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